3 mars 2014

j' acques du bruit d'une chaise au foetus astral





            ce la m'est arrivé déjà,  -  l'instant en est universel,  -  çà vient de m'arriver au raclement d'une chaise sur le plancher  :  de me retrouver dans l'une des scènes dernières de 2001 l'odyssée de l'espace  :  lorsque Dave, avant d'être transformé en foetus astral, est assis vieilli à la table du repas offert dans un décor offert,à lui seul l'humanité, par l'intelligence extraterrestre.
            Dave recule sa chaise pour se lever, ayant entendu le bruit...  qu'il venait de faire lui-même  dans la séquence précédente juste auparavant.  Voici, image 1, ce qu'il voit soudain :  dans son avant-dernière métamorphose  :  lui-même à la toute fin de sa vie, le vieillard ultime regardant au ciel;  mais, regardé encore par lui-même silhouetté à nos yeux.
            Cette image d'avant que lui (Ulysse, et plutôt l'humanité-même au-delà d'elle-même) se retrouve immobile dans l'espace, montre (avant le regard du foetus astral, image 2), dit et est l'un des plans d'immobilités de la métamorphose de Dave, jusqu'à  la contemplation...  dans l'amnios astral.


            Le scénariste (ou mieux co-scénariste avec lui) de Stanley Kubrick pour 2001, Arthur-C. Clarke a écrit postérieurement sa version écrite, à plat, où il a perdu, dans un récit de science-fiction... classique, l'essentiel (y compris la musique du film comprise dans l'image) :  le regard et les regards; 
            l'univers de 2001 et qui est l'univers d'une fin dernière de l'homme est les plusieurs successions d'images et de regards (successions liées par apparition du “monolithe', aboutissant à la contemplation finale, absolue;  où le regard du spectateur se confronte seul au regard du foetus astral, dans un même moment (spatial) :  alors pourquoi se séparer de soi et de son regard, de l'Enfant et de son regard ?; 
            dans le récit de Clarke la fin écrite c'est  : 

“Puis [!!]  l'Enfant attendit, ordonnant ses pensées, avec tous ses pouvoirs encore inutilisés.  Il était maintenant maître du monde, et il n'était pas très sûr de ce qu'il allait faire ensuite.
            Mais il lui viendrait bien une idée.”


            Or l'Enfant est enfant et regard premier et dernier, il n'est pas le maître du monde, il est le regard sur le monde dans l'immobilité de la contemplation  :  partagée avec l'univers matériel  :  totalement visuel et visible.  Il n'a nul besoin d'idées, d'action ou de se raconter quelque première histoire; 
            dans 2001, pas de nouveau départ d'Ulysse;  autour de 2001  :  retour de l'humanité (le spectateur  -  et auditeur à l'intérieur de l'image-regard  -) à l'enfant à la fois hors du ventre maternel et dans le ventre universel; 
            pas un geste, l'Enfant est le geste qui est son regard qui est l'espace qui est notre regard;  pas d'intelligence et plus de recherche téléologique ou aventurière  :  tout est compris dans la contemplation immédiate, dans le regard (image 2) de l'Enfant, dans la contemplation de son visage dans sa contemplation à la ronde, à la rondeur, ni sourire ni tristesse  :  rondeur...  universelle, spéculaire, oculaire;
            le calme-même du dehors et du dedans de tout;  le foetus n'a plus à naître, à sortir d'un ventre et à regretter rien de la communion originelle avec la mère, ni à se trouver seul  :  il est tout et la personne de tout  :  et séparé de tout par le regard et rejoint à tout par le regard;  et comme nous;   et sauf que nous sommes dans la salle, et qu'il va falloir sortir, raconter cela, tant bien que mal, à Robert le Diable...

(NB  :  en 1972 est paru Le foetus astral, de Jean-Paul Dumont et Jean Monod, une extraordinaire analyse structuraliste du film)

   j'