21 septembre 2010

Des suites de cases ou bandes dessinées
















Patrick McDonnell, Mon maître, ce héros, Les Humanoïdes associés éditeur
plusieurs ouvrages de l'auteur américain Patrick MacDonnell prennent pour principaux personnages un chien et un chat amis, Earl et Mooch, dont 'Mon maître, ce héros'; ce sont des suites de strips (une ou deux « lignes » de cases, au maximum une planche), en noir et blanc ou en couleurs : toujours cette ligne claire des auteurs américains de strips, de Charles M. Schulz (Snoopy...) à Bill Watterson (Calvin et Hobbes) ou Patrick Mcdonnell; sobriété du dessin, c'est à dire la plus grande signification, traits et gestes, dans le dessin le plus simple; aussi sobriété dans les récits puisqu'ils sont courts et que tout dans la disposition des cases et dans les cases fait immédiatement sens et, comme dans l' image, où le récit est « clairement » en miroir, les cases, immobiles et remplacées les unes par les autres, sont plus que jamais sujettes à « arrêt sur images », arrêt de la lecture, retour aux phrases, approfondissement du sens.

Earl est triste, son premier et d'ailleurs seul et maternel secours c'est son maître; tout le récit - de Earl couché à Earl couchée - est dans la symétrie absolue des cases, autour de leur centre, leur immobilité : entre auteur, bande dessinée et lecteur, il y a toujours, et remarquablement ici, mouvement qui est immobilité, suite de cases immobiles, suites et arrêts de la lecture; dans cette suite : première et peu après et tout de suite (de par la relecture aussitôt) dernière cases sans bord, venue du blanc d'avant le récit, entrée du récit; sortie dans le blanc d'après le récit (à la relecture, le blanc de la fin déborde sur le blanc du début, autour de l'immobile et circulaire suite des cases pourvues de leurs cadres; le noir de la bulle de la première case disparaît du blanc; on peut aller plus loin, comme revenir au noir de « m'man » qui déjà, maintenant est dans le blanc d'après; voilà deux blancs, ou encore : le blanc court sous les cases de la première à la dernière; dans le dessin, les traits du dessin des personnages les changements font sens : le dos rond de Earl de la troisième image devient le dos creux avec tête haute de la troisième image à partir de la fin; au milieu, les deux moments de la « scène capitale » du récit; les « deuxièmes » images ont et vont accentuer les expressions de peine et de bonheur : dessin de la tête de Earl, l'arrondi de son spleen, puis ses oreilles dressées, et le même regard (deux ronds) transformé par les oreilles redressées; mais encore, voilà deux instantanés, isolés encore par la couleur du fond, comme de portraits, qui se répondent, cases qui se répondent, de loin, et de près, l'une à l'autre.

Jacques Estager

1 septembre 2010

OLAV H. HAUGE

Jacques Estager qui revient sur la scène poétique avec " Je ne suis plus l'absente" qui paraît ce mois aux Editions Lanskine m' a aimablement adressé les poèmes d'Olav H. Hauge (1908-1994) "Nord profond, publié par les Editions Bleu autour avec des photos de François Monnet. Les photos sont magnifiques, les poèmes sont des sortes d' Haïkus du nord. J'en ai extrait deux:

Vers

Si tu fais un vers
qu'un paysan trouve à son goût
sois content.
Un forgeron gardera son mystère.
Le plus difficile, c'est de plaire
à un menuisier!


et le plus connu:

C'est le rêve

C'est le rêve que nous portons
que quelque chose
va arriver,
que ça doit arriver-
que le temps va s'ouvrir
que le coeur va s'ouvrir
que les portes vont s'ouvrir
que les sources vont jaillir-
que le rêve va s'ouvrir,
qu'au point du jour
nous glisserons sur la vague
vers uns anse
dont nous ne savions rien.


P de B