Jerôme FERRARI, Le sermon sur le cute de Rome, Actes Sud, 2012
, Où j'ai laissé mon âme, Actes Sud, 2010
Le premier vient de sortir plusieurs articles dans Le monde ( le journal) le deuxième est plus ancien deux ans...!
J'ai donc acheté les deux sur le conseil du libraire me disant" il faut tout de même
faire des efforts pour lire la "rentrée" littéraire...se tenir au courant".
Le sermon sur la chute de Rome . Un bar en corse repris par des étudiants en philosophie.
Thématique alléchante style café-philo... Le résultat fonctionne mais
ne transporte pas . La phrase est très longue, le bar est super. C'est naturellement bien fait.
Le roman d'avant, Où j'ai laissé mon âme , dans lequel la phrase est déjà très longue est infiniment plus impressionnant. Un mathématicien, cette fois, qui a fait de la résistance ,est arrête par les nazis interrogé par la Gestapo interné à Buchenvald se retrouve militaire. Après une guerre d'Indochine admirable, il finit en Algérie chef d'un centre de torture. Livre douloureux et violent sur un sujet terrible. Effroyables camaraderies militaires : " nous avons été engendrés par la même bataille", "aucune victime n'a jamais eu le moindre mal à se transformer en bourreau, au plus petit changement de circonstances."" Le sang avait un prix exorbitant qu'il fallait payer."
On ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve c'est le cas , à mon sens de ce qu'IlS appellent:" un événement de la rentrée littéraire."
13 septembre 2012
8 septembre 2012
Chantal Dupuy-Dunier
CELLE
L'arbre à paroles, éditeur, 8 euros
Elle dit:
" Je suis le seuil.
Elle dit:
"Je suis l'obscure locutrice,
voix montant des contrées ardentes.
Car les mots gestent dans les ventres du monde.
Elle dit:
"Percevez-vous le réel caché au creux du mirage ?
Cette ombre que vous n'avez jamais entrevue,
qui vous parle d'ailleurs,
vous parle de l'immense
vous parle de moi.
Je réitère ma promesse du bleu.
Au commencement était Celle.
CELLE
L'arbre à paroles, éditeur, 8 euros
Elle dit:
" Je suis le seuil.
Elle dit:
"Je suis l'obscure locutrice,
voix montant des contrées ardentes.
Car les mots gestent dans les ventres du monde.
Elle dit:
"Percevez-vous le réel caché au creux du mirage ?
Cette ombre que vous n'avez jamais entrevue,
qui vous parle d'ailleurs,
vous parle de l'immense
vous parle de moi.
Je réitère ma promesse du bleu.
Au commencement était Celle.
6 septembre 2012
Grand silence de l'été, nous a absorbé
Voici donc septembre
on retrouve les pantalons et les pull-over
et nos excuses pour cette longue absence.
Lu avec beaucoup d'attention et de fascination: MANDELSTAM de Ralph Dutli ed Le bruit de temps/ La dogana.
Moscou automne 1920, on avait demandé à Maxime Gorki, qui supervisait la répartition des biens distribués aux écrivains, un pantalon et un pull-over pour Mandelstam. Mais Gorki biffa le pantalon. Les "mérites sociaux" de Mandelstam, à ses yeux, n'allaient pas plus loin que le pull-over. Sur quoi Nicolaï Goumilov avait offert à son ami un pantalon de rechange.
Faut pas oublier.
Voici donc septembre
on retrouve les pantalons et les pull-over
et nos excuses pour cette longue absence.
Lu avec beaucoup d'attention et de fascination: MANDELSTAM de Ralph Dutli ed Le bruit de temps/ La dogana.
Moscou automne 1920, on avait demandé à Maxime Gorki, qui supervisait la répartition des biens distribués aux écrivains, un pantalon et un pull-over pour Mandelstam. Mais Gorki biffa le pantalon. Les "mérites sociaux" de Mandelstam, à ses yeux, n'allaient pas plus loin que le pull-over. Sur quoi Nicolaï Goumilov avait offert à son ami un pantalon de rechange.
Faut pas oublier.
20 mai 2012
Me resigner au monde, Edward Stachura, Solin Editeur
Pour E.Stachura chaque instant de la vie était si rempli de signification que toute tentative de résumer eut été sacrilège.
" J'ai toujours répugné, écrivit-il, lorsqu'on lui demanda de rédiger une notice autobiographique pour son roman ( Toute la clarté), à rédiger une biographie sous la forme la plus répandue et la plus demandée, mettant en relief les événements de mon existence. Cette répugnance est sans doute due au fait que je perçois l'inconvenance du résumé face à ce qu'on ne peut résumer: des nuits et des jours entiers, de semaines et des mois, des années.l'inconvenance du sec face au liquide, du lit asséché des expressions laconiques et des clichés ( c'est moi qui souligne) face aux torrents impétueux de lumière, d'ombre, d'eau et de sang ardent. Si j'avais à écrire ma propre biographie sous la forme qui me répugne le moins, j'aimerais écrire: " Je suis né dans le Dauphiné en août 1937..."
Il est déjà un écrivain affirmé. Suite à un gravissime accident ( il se fait écraser par une locomotive)
il retourne en convalescence chez sa mère dans la profonde campagne polonaise. Lapins, jardins, travail, religion, rythmes de la survie. Il cherche à se reconstruire. Il faut que je retrouve les morceaux de moi-même.
Je n'étais pas brouillé avec ma famille. Seulement avec mon père, autrefois il y a longtemps. Je n'étais brouillé ni avec ma mère, ni avec mes frères, ni avec ma soeur. Je les avais quittés parce que j'avais choisi d'être orphelin. ( C'est moi qui souligne)
Je dis à maman que j'ai l'impression d'aller un peu mieux...Maman me dit: " Edzio après une chose pareille tu dois te remettre progressivement. Un malheur est vite arrivé, mais le bonheur lui n'est jamais pressé."
J'ai été crucifié.
Cet hôpital est un enfer. Je ne vais pas résister. Ils vont me faire mourir avec leurs piqures. Je ne disais rien...J'allais et venais comme dans un cimetière vivant, et je ne me sentais ni vivant ni mort. J'ai encore cette sensation. Plus exactement, j'ai la sensation d'être vivant sans l'être. Ou encore d'être mort sans l'être.
J'apprends à écrire de la main gauche.
Les fraises sont mûres....Chaque être humain est un profond mystère, et il suffit qu'il plonge en soi de façon honnête et décrive ses impressions et ses états d'âme et c'est intéressant.
Cette vie n'est que temporelle... Dans l'Evangile il n'est pas question des couleurs...
L'homme-qui-n'est-personne ( E.S.) dit que, entant qu'homme-moi, nous sommes infiniment malheureux, jusqu'à la mort, et que c'est la raison pour laquelle on ne peut vivre ne paix qu'en étant mort avant la mort.
Est-ce notre faute si nous sommes devenus en quelque sorte des dégénérés?
Est-ce ma faute su j'ai choisi d'être orphelin?
A mon avis la mal n'est pas inné, le bien si.
Vivre est une chose très dangereuse.
Un jour, il y a de cela longtemps, quand j'étais encore Edward Stachura, je me suis dit que l'homme vit trop longtemps.
Maman parle à ses poules et ses lapins, et le fait que les bêtes ne lui répondent pas ne la gène pas.
La chaumière où nous habitons tombe en ruine...."Elle me survivra", dit maman en riant.`Voilà la façon de parler de quelqu'un qui est résigné au monde, à la vie et à lamort. Apprends cet art de vivre, me dis-je.
Sur un homme bien portant l'hôpital produit un effet déprimant; sur un malade, un effet réconfortant.
Je pense que les gens sains d'esprit sont très rares.
Un fou ne sait pas qu'il est fou ; à ses yeux il n'est donc pas fou. J'en ai vu beaucoup.
Est-i possible de trouver cette paix suprême, cette union avec l'Inconnu, déjà dans cette vie?
Est-il possible de se barrer la route en posant la question ainsi. Que signifie se résigner au monde?
Se barrer de la route?
Je cherche ma place sur cette terre que j'ai tant célébrée, et je ne parviens pas à la trouver, je n'y parviens pas alors même que je le voudrais tant.
J'ai apporté le texte de VOILà à la rédaction de Tworczos. Je l'ai signé de mon nom, bien que je ne sois plus celui qui l'a écrit, ni celui à qui il a été dicté.
Je ne suis plus de ce monde. Le seul espoir en moi c'est de m'unir à l'Inconnu.
Qui est maître de la place? Qui suis-je? Je me sens comme le fils maudit.
Non que je m'associe à la totalité de ce qu'énonce E.S. mais son extrême vibration de sensibilité,
la justesse sans fioritures des question posées me sont allées droit au corps.
" J'ai toujours répugné, écrivit-il, lorsqu'on lui demanda de rédiger une notice autobiographique pour son roman ( Toute la clarté), à rédiger une biographie sous la forme la plus répandue et la plus demandée, mettant en relief les événements de mon existence. Cette répugnance est sans doute due au fait que je perçois l'inconvenance du résumé face à ce qu'on ne peut résumer: des nuits et des jours entiers, de semaines et des mois, des années.l'inconvenance du sec face au liquide, du lit asséché des expressions laconiques et des clichés ( c'est moi qui souligne) face aux torrents impétueux de lumière, d'ombre, d'eau et de sang ardent. Si j'avais à écrire ma propre biographie sous la forme qui me répugne le moins, j'aimerais écrire: " Je suis né dans le Dauphiné en août 1937..."
Il est déjà un écrivain affirmé. Suite à un gravissime accident ( il se fait écraser par une locomotive)
il retourne en convalescence chez sa mère dans la profonde campagne polonaise. Lapins, jardins, travail, religion, rythmes de la survie. Il cherche à se reconstruire. Il faut que je retrouve les morceaux de moi-même.
Je n'étais pas brouillé avec ma famille. Seulement avec mon père, autrefois il y a longtemps. Je n'étais brouillé ni avec ma mère, ni avec mes frères, ni avec ma soeur. Je les avais quittés parce que j'avais choisi d'être orphelin. ( C'est moi qui souligne)
Je dis à maman que j'ai l'impression d'aller un peu mieux...Maman me dit: " Edzio après une chose pareille tu dois te remettre progressivement. Un malheur est vite arrivé, mais le bonheur lui n'est jamais pressé."
J'ai été crucifié.
Cet hôpital est un enfer. Je ne vais pas résister. Ils vont me faire mourir avec leurs piqures. Je ne disais rien...J'allais et venais comme dans un cimetière vivant, et je ne me sentais ni vivant ni mort. J'ai encore cette sensation. Plus exactement, j'ai la sensation d'être vivant sans l'être. Ou encore d'être mort sans l'être.
J'apprends à écrire de la main gauche.
Les fraises sont mûres....Chaque être humain est un profond mystère, et il suffit qu'il plonge en soi de façon honnête et décrive ses impressions et ses états d'âme et c'est intéressant.
Cette vie n'est que temporelle... Dans l'Evangile il n'est pas question des couleurs...
L'homme-qui-n'est-personne ( E.S.) dit que, entant qu'homme-moi, nous sommes infiniment malheureux, jusqu'à la mort, et que c'est la raison pour laquelle on ne peut vivre ne paix qu'en étant mort avant la mort.
Est-ce notre faute si nous sommes devenus en quelque sorte des dégénérés?
Est-ce ma faute su j'ai choisi d'être orphelin?
A mon avis la mal n'est pas inné, le bien si.
Vivre est une chose très dangereuse.
Un jour, il y a de cela longtemps, quand j'étais encore Edward Stachura, je me suis dit que l'homme vit trop longtemps.
Maman parle à ses poules et ses lapins, et le fait que les bêtes ne lui répondent pas ne la gène pas.
La chaumière où nous habitons tombe en ruine...."Elle me survivra", dit maman en riant.`Voilà la façon de parler de quelqu'un qui est résigné au monde, à la vie et à lamort. Apprends cet art de vivre, me dis-je.
Sur un homme bien portant l'hôpital produit un effet déprimant; sur un malade, un effet réconfortant.
Je pense que les gens sains d'esprit sont très rares.
Un fou ne sait pas qu'il est fou ; à ses yeux il n'est donc pas fou. J'en ai vu beaucoup.
Est-i possible de trouver cette paix suprême, cette union avec l'Inconnu, déjà dans cette vie?
Est-il possible de se barrer la route en posant la question ainsi. Que signifie se résigner au monde?
Se barrer de la route?
Je cherche ma place sur cette terre que j'ai tant célébrée, et je ne parviens pas à la trouver, je n'y parviens pas alors même que je le voudrais tant.
J'ai apporté le texte de VOILà à la rédaction de Tworczos. Je l'ai signé de mon nom, bien que je ne sois plus celui qui l'a écrit, ni celui à qui il a été dicté.
Je ne suis plus de ce monde. Le seul espoir en moi c'est de m'unir à l'Inconnu.
Qui est maître de la place? Qui suis-je? Je me sens comme le fils maudit.
Non que je m'associe à la totalité de ce qu'énonce E.S. mais son extrême vibration de sensibilité,
la justesse sans fioritures des question posées me sont allées droit au corps.
19 mai 2012
Lettre à ceux qui restent d'Edward Stachura,
Je meurs
pour mes fautes et pour mon innocence
pour le manque que je ressens dans chaque particule
de mon corps et dans chaque particule de mon âme
pour le manque qui me déchire en morceaux comme un
journal
plein de mots tapageurs qui ne veulent rien dire
Le 24 juillet. Edward Stachura se pendait dans son appartement de Varsovie, laissant sur la table
un ultime poème: "List di pozotalych" ( lettre à ceux qui restent). qui commence par le poème ci-dessus.
pour mes fautes et pour mon innocence
pour le manque que je ressens dans chaque particule
de mon corps et dans chaque particule de mon âme
pour le manque qui me déchire en morceaux comme un
journal
plein de mots tapageurs qui ne veulent rien dire
Le 24 juillet. Edward Stachura se pendait dans son appartement de Varsovie, laissant sur la table
un ultime poème: "List di pozotalych" ( lettre à ceux qui restent). qui commence par le poème ci-dessus.
29 avril 2012
RDV du Bois Chevalier
Chers amis,
Voici le printemps et donc très bientôt les Rendez-Vous du Bois Chevalier qui auront lieu à Legé cette année, les 16 et 17 juin 2012. Cette quatrième édition traitera du soleil et aura pour titre : Un deux trois soleil.
Comme l’année dernière, notre festival s’étalera sur deux jours, en commençant le samedi 16 juin à 17h00 par l’introduction et un concert de musique classique : Chopin, Debussy, Ravel, Schuman dans le grand salon. Pour continuer, vers 18h00, par des lectures avec la participation de poètes : Christian Bulting, Brigitte Gyr, Marie de Quatrebarbes et moi-même et une intervention musicale avec Tunde Hadju au piano et Raphaël Sévère à la clarinette, avec des morceaux de Brahms et de Rossini dans le salon.
Après un verre de l’amitié et des petits concerts donnés par des élèves d’Yves Sévère du Conservatoire Régional de Nantes (sous la tente), nous nous restaurerons avant d’aller voir, dans la grange, une création théâtrale de Christine Farré, intitulée Fractures. Puis nous irons nous coucher.
Le lendemain dimanche, les festivités débuteront à 10h45 par un accueil au salon, puis commenceront les conférences :Comme à l’habitude, il y aura des rencontres avec des poètes et des écrivains : cette année Évelyne Morin, Antoine Emaz et le poète Haïtien Antony Phelps viendront nous lire leurs textes et nous parler.
- Patrick Barbier, historien de la musique et professeur, nous parlera de la musique à la cour de Louis XIV.
- Jean-Claude Vial, directeur de recherche au CNRS, nous parlera du couple Soleil/Terre.
- Après le déjeuner, Philippe de Grissac, vice-président de la LPO, nous parlera de la migration des oiseaux, du soleil et de l’homme.
- Marie-Claude Rousseau se penchera sur le soleil dans l’art.
- Jean-Luc Cousin, architecte, s’exprimera sur la démarche environnementale dans l’architecture.
- Enfin Patrick Boumier, docteur en astrophysique spatiale, nous parlera du soleil, lui aussi.
Une nouveauté cette année : le planétarium de Nantes viendra avec une coupole mobile ; il sera possible aux grands et petits de suivre des séances animées par Vincent Jean-Victor, médiateur scientifique au Planétarium.
Des lectures nomades auront lieu, animées par Jacques Fournier, directeur de la Maison de la Poésie de Saint-Quentin en Yvelines. Nous proposerons ensuite un grand débat rassemblant tout le monde autour de la question suivante : « Avons-nous oublié le soleil ? »
La journée se terminera par un beau concert mélangé de Jazz avec Grégoire Évain, des morceaux de J. Cullum, Nat King Cole, K. Dorham et l’octuor de guitare du Conservatoire Régional de Nantes de la classe de Michel Grizard qui nous jouera Albeniz, Mompou, Turina etc. dans le grand salon.Voilà pour les nouvelles les plus récentes, l’essentiel pour l’heure étant que vous réserviez votre samedi 16 juin et votre dimanche 17 juin où nous espérons vous retrouver au Bois Chevalier pour des moments que nous espérons et nous souhaitons heureux et riches.
Amitiés,
Paul de Brancion
27 avril 2012
fictions aujourd'hui
C'est par le rythme, par la poésie, donc, qu'on peut renouveler la fiction aujourd'hui; le " roman " tourne en rond; il y a comme une sorte d'exaspération publicitaire autour de la question de " l' histoire ", au sens restreint du terme; que l'en en soit, à la télévision ou même à la radio culturelle, à éviter de dévoiler la " fin " de l'histoire, en dit long sur l'abêtissement et sur la niaiserie du traitement actuel de ce que l' l'on nomme la littérature."
L'éloquence ne sort, ne vient que de ce que l'on nomme " l'âme " : de l'auteur et de ses figures.
Guyotat
L'éloquence ne sort, ne vient que de ce que l'on nomme " l'âme " : de l'auteur et de ses figures.
Guyotat
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