1 mars 2014

Une pierre, en chemin – Bernard Fournier
Editions Tensing
Poèmes – 2013 – 9 euros






Le poète marche portant son poids de pierres sous les murs des cités. Il « met le temps sur la table » et « dessine la lune ».

La poésie de Bernard Fournier est tout à la fois physique et - ce qui est rare - procure un sentiment d’apaisement comme si l’on était enfin arrivé à l’abri d’une maison des champs ; accueilli par une odalisque attrayante.
« Quand elle élève les bras
En ogive
Apparaît son corps
Au risque de la nuit »

Il y a la maison, mais l’intérieur de la maison n’est pas sans aventure.
« Une femme à sa fenêtre
Contre l’acier du ciel
Fait signe de ses seins »

Au fond, seule compte l’apesanteur consciente du poète replié sur lui-même traversant la vie, concentré sur son chemin parsemé de stations, d’arrêts ; non chemin de croix, mais chemin de pierres.

Le poète
« rêve d’une pierre,
            d’en connaître l’éclair,
                       d’en savoir l’origine… »









Paul deBrancion
Un peu de ciel ou de matin
Isabelle Levêque
Les Deux -Siciles éditeurs 2013, 16Euros

Lu « Un peu de ciel ou de matin » mi-lyre, mi-langue. Aux confins des conflits poétiques, les livres d’amour laissent sans voix. Regard, écoute magique et incompréhensible
« Et j’ignorais raison ramenant tambour battant au séjour des hommes ».
Où est-il ?  Où es-tu ? Le poète se jette dans la bataille. « Je confie le monde à tes gestes. » Le corps à corps spirituel « nous inventons les signes » « Je poserais naguère dans le soir ». Cet « imparadoxe » est celui de l’amour et du poème fortifié. Sa présence affirmée, malgré l’ab-sens. « Tant que mène la nuit ». Et Lui, où est-il  face à la poésie ?
« Tu es l’autre brasier », mais autre tout de même et cette fusion est espérée.
« J’ai regardé haut dans le soir
passant lumière
et mène image
disait l’attente »
« le fort n’est pas arrimé »
Quête dure, car implacable, personne ici ni ne se leurre, ni ne se fait d’illusion dans le matin ou la nuit déserte.
« Ne t’éloigne
ne te perd »
Cela est beau, simple, désespérément simple, lyrisme austère dans le piège des sentiments inverses. L’émotion est stoppée,
arrêtée
par vous,
par je,
parce ce que !
Votre livre est douloureux à lire car plein d’élans et de rejets.
Il (Lui) est absent mais c’est bien lui que l’on cherche à l’horizon, le distinguant à peine.
« Forêt m’appelle 
Nous aurons
Bagage main 
Avant ce qui s’éteint »
Dans la forêt obscure immense traversée et il est là, présent, perdu sans doute, mais présent.
Ceci est beau


P de Brancion 

1 mars 2013

Stephanie Chaillou Un léger défaut d'articulation, Ed. Isabelle Sauvage, 2009, 15 euros

J'ai un oncle qui travaille à EDF et une autre qui est maçon il y a des lapsus, des déplacements, de la souffrance.....
je remarque les gens qui ont pleuré à l'humidité qui rassemble leurs cils il y a des gâteaux apéritif,
du guignolet, des pantoufles je ne conduis pas de voiture parce que j'ai peur des bus, des lapins en chocolat, des traversins je ne suis pas capable de lister ce que contient ma garde-robe de la salade de fruit, des mégalopoles des retours sur investissement je ne peux pas modifier ma constitution physique des fruits de la passion, des mouches j'aime l'odeur de la résine quand je me promène en forêt
...
je me demande parfois ce qui a été ou ce qui n'a pas été il y a des je-ne-sais-quoi, des batavias, des imitations je ne fais pas de colliers en coquillages des confiscations de biens, des lagunes, des chambres froides je ne sais pas si quelqu'un sait où disparaît la vie...

28 février 2013

Mohammed al Ajami poète incarcéré



«Nous sommes tous la Tunisie face à une élite répressive» : prison à vie pour un poète qatarien

19 février 2013

UN PRESIDENT POÈ!TE

Nous souffrons d'un cauchemar bureaucratique irrationnel. Il y a une absence de courage moral en Europe."
"J'ai un profonde joie à être dans la sphère culturelle, avec des gens qui ne mettent pas un prix sur tout ce qu'ils font."
Michael D. Président-poè!te Irlandais

18 février 2013

Léopold Congo Mbemba, mort d'un poète

Je me trie des décombres de la vie
orpailleur du lac de deuil
je cherche dans la cendre du désert des jours, étincelles sanguines ou pépites de feu
les souvenirs à rallumer en cette terre
la forge d'où renaître.


Né en 1959 à Brazzaville, il est l’auteur de quatre recueils de poésie, dont Ténors-Mémoires, dédié aux pères de la Négritude, Senghor, Damas et Césaire.

16 février 2013

Fissures et traits



Edgar Pierre Jacobs, auteur de la série des Blake et Mortimer, me plonge (au long de son oeuvre), comme dans un nouveau ventre maternel, dans le creux de ses lieux dessinés, aériens dans souterrains ;  immensités des espaces de l'Atlantide (pas de ciel, mais l'immensité seule, dans l'infini de l'imaginaire) ; 
couloirs où le héros dans un Paris, une « cité interdite » enfouis (Le piège diabolique) se perd, sans jour, chambre d'Horus au coeur de la pyramide de Khéops (Le mystère de la Grande Pyramide) …,  où la pierre est fissures et traits :  ouvertures à l'espace non dessiné tout autour de l'espace dessiné ; 
les souterrains (déjà dans son premier grand livre, Le secret de l'Espadon), dans l'errance et l'aventure, forment à mes yeux (à mes yeux renouvelés, à mes yeux de retour aux creux symboliques et imaginaires) l'une des plus pures mais profondes expressions du concret par l'abstrait, lignes pures des angles des roches, lignes-mêmes, voyage renouvelé dans l'image


les immensités dans Jacobs sont doubles immensités, je dirais en premier lieu dans L'énigme de l'Atlantide : là immensité du continent souterrain, visible et entraînant dans le regard l'invisible ;
les traits multipliés, abstraits, sitôt ouvrent des espaces dans l'espace du regard, et, comme les mots suggèrent images, sentiments, etc., eux visibles déjà suggèrent l'invisible espace mental et pierreux (chez Jacobs) ; 
ces traits (qu'on retrouve dans un autre univers chez Yves Chaland, image 6) sont pleins, noirs, sans forme dessinée que... la suggestion du plein sans espace de la pierre ;  par de telles fissures littéralement qui m'enchantent, mon regard glisse sur elles et entre :  dans elles, dans la pierre, dans le décor tout entier, souterrain encore, toujours pour moi matriciel encore, plutôt :  universel ;  plein et creux, visible et respirable ; 
et pas de ciel dans L'énigme de l'Atlantide (prochainement vous proposer le récit de mon aventure première de lecture de ce livre, profondeur où je vis depuis)

j'

image 1 :  Le Mystère de la Grande Pyramide
images 2 et 3 :  Le piège diabolique
images 4 et 5 :  L'Enigme de l'Atlantide





image 6 :  La Comète de Carthage (Yves Chaland)