Rochefort sur Loire est un lieu important pour la poésie du XXème siècle avec l’école dite de Rochefort qui comprenait entre autres poètes, René Guy Cadou, Luc Bérimont, Jean Follain ou Pierre Garnier.
Forte de ce passé prestigieux, Rochefort sur Loire propose, depuis plus d’une dizaine d’années, un marché de la poésie qui se tient le premier week-end de juillet. De nombreux éditeurs sont installés le long du Louet, petite rivière charmante où l’on peut se baigner après avoir regardé et acheté des livres. Des lectures sont aussi organisées dans une grande salle à la belle charpente. Ce marché, par la qualité de l’accueil et par la beauté du lieu est un de mes préférés.
La ville de Rochefort sur Loire, accueille aussi un auteur en résidence durant trois mois. Lectures lors du marché et livre publié jusqu’à présent par les éditions du Dé bleu sont ainsi prévus.
Lors de la dernière session j’ai acheté quelques uns de ces ouvrages et je voulais parler du premier réalisé, celui de Pierre Garnier, Loire vivant poème. Mais comme souvent, quand j’aime un livre je le prête et il n’est pas encore revenu au bercail. Tant pis !. Je ne peux me résoudre à le passer sous silence. Les textes parlent de la Loire, des villages alentours, de la lumière, du regard de l’enfant dans une langue simple et précise d’une grande puissance d’évocation. Des dessins très gais de l’auteur, dans les trois couleurs primaires, proposent une stylisation ou plutôt une épure du paysage. Pour se faire une idée du style, voici un extrait de l’Alouette, publié aux éditions Dumerchez
« ce pays de collines et d’étangs
où le paradis et l’enfer sont mêlés
dans la même goutte, la même courbe, »
Autre poète en résidence, Brigitte Gyr, que la revue Sarrazine a publié dans le numéro sur la peur. La Forteresse de cendres, parle du souvenir, de sa quête obstinée dans un combat perdu d’avance. Petits textes à fleur de peau et de mémoire
« recomposer
l’inexpugnable
forteresse du souvenir
en explorer
le corps de cendres
que blanchit
jusqu’à effacement
une lumière incertaine »
Enfin, Au dire des pas de Joël Bastard, nous entraîne dans les chemins creux autour de Rochefort, le long du Louet, dans des paysages transfigurés par la nuit et le regard. Entre rêves et sensations, les pas du poète le conduisent dans un maelström de mots et d’images.
« La nuit passe. La terre s’abandonne largement dans son grand cahier noir. Les mots se confondent pour un temps, mêlés en un frisson de papier glacé. L’horizon murmure dans le basculement et pourtant l’étonnante immobilité de cette pierre qui se tient dans le chemin. »
Catherine Tourné